Coupe de France :

Réponse à la lettre ouverte de Montpellier

 

Par Laurent VERAT

Directeur Général FFE

 

 

Je n’ai pas pour habitude de répondre sur les forums, mais la tournure que prend la polémique sur les ¼ de finales de la Coupe de France m’impose de réagir.

 

Tout d’abord, les faits : le 17 mai, juste après sa victoire en 1/8e de finale, Evry a demandé au Directeur de la Coupe de France, Maxime Le Garrec, de reporter les ¼ et les ½ finales programmés les 28-29 mai. En effet, deux de ses joueurs (français) étant sélectionnés pour la Mitropa Cup en Autriche, qui se déroulait aux mêmes dates, le club d’Evry s’estimait lésé sportivement. M. Le Garrec a refusé d’accéder à cette requête. Marc Perrin, le président d’Evry, nous a alors alertés sur ce problème.

Sylvain Rivier, Président de la Commission Technique, le Président Jean-Claude Moingt et moi-même avons discuté de la situation. A titre personnel, j’ai clairement défendu la position d’Evry, je m’en expliquerai plus loin, et le Président a finalement pris la décision d’autoriser ce report.

 

Tout d’abord, il faut bien avoir à l’esprit que cette décision relève bel et bien des prérogatives du Président fédéral. Comme je l’écrivais récemment à la Présidente de Montpellier, « le règlement de la Coupe de France est une chose. Le respect de l'éthique sportive et l'affirmation de la prééminence des sélections nationales en est une autre. De ces dernières, le Président de la FFE est le garant devant nos organismes de tutelle, il ne faut pas l'oublier. »

 

Sur le plan sportif, il nous a semblé que les autres équipes ne seraient pas lésées par cette décision, dans la mesure où le vainqueur du match Clichy-Montpellier aurait rencontré Evry, s’il se qualifiait, n'importe quand - y compris en semaine - et n'importe où, entre le 1er juin, date à laquelle Evry récupérait ses joueurs sélectionnés en équipe de France, et le 25 juin, veille de la finale : ce qui donnait toute latitude à l’équipe qualifiée de s’organiser en conséquence. De grâce, qu’ils ne viennent pas dire qu’aucune date ne leur convenait…

Dans le monde sportif, cette pratique est courante, elle est même considérée comme normale dès lors qu’une sélection nationale est en jeu. J’ai bien écrit « sélection nationale », c’est-à-dire Equipe de France. Les comparaisons avec les compétitions individuelles, quelles qu’elles soient, sont donc hors de propos….

Seul le football doit parfois déroger à cette règle de fait, à cause d’un calendrier démentiel ne laissant en certaines occasions aucune possibilité matérielle de report. Notre discipline n’en est pas là…

 

Sur un plan plus formel, les deux équipes concernées, Clichy et Montpellier, ont accepté cette décision. Pour Montpellier, par l’intermédiaire de la Présidente Sylviane Milliet, qui n’a pas réagi, et du correspondant Frédéric Dijoux. Ce n’est que 48h avant les ¼ de finales que 3 joueurs montpelliérains, Sébastien Mazé, Hicham Hamdouchi et Fabien Libiszewski, se sont brutalement insurgés et ont menacé de faire forfait. Je leur ai rappelé que le club s’exposerait alors à des sanctions, car ils feraient preuve « d'un mauvais esprit évident s’ils ne parvenaient pas à trouver un lieu et une date leur convenant ».

 

Je n’accepte pas l’argument de mauvaise foi consistant à dire que Fabien Libiszewski et Sébastien Mazé avaient décliné leur sélection en Mitropa Cup pour pouvoir être présent en Coupe de France à cette date-là. Tout d’abord, il faut souligner que la compétition n’avait même pas encore commencé pour Montpellier au moment de ladite sélection !

Par ailleurs, en tant que Directeur Général, en charge notamment des affaires sportives, je me suis moi-même occupé de cette sélection, et je peux dire que Sébastien s’est mis hors-jeu de celle-ci dès sa première conversation téléphonique avec le Capitaine Jean-Marc Degraeve : il sait très bien pourquoi… Sa sélection n’a donc jamais été envisagée.

Quant à Fabien Libiszewski, il a hésité quelque temps, avant de décliner pour cause « d’examens universitaires dans la semaine du 17 mai ». Ces mêmes examens qui, maintenant, l’empêchent de disposer d’une seule journée au mois de juin…

 

Je ne souhaite pas poursuivre plus avant sur ce registre, car selon moi, l’essentiel réside ailleurs. Nous avons pris cette décision de report d’une demi-finale de la Coupe de France parce qu’elle allait dans le sens de la politique fédérale. Au moment où nous cherchons à ancrer notre discipline dans le monde sportif, il n’est plus acceptable de perpétuer un fonctionnement autarcique, fermé au monde extérieur.

Avec le Président, nous sommes sans doute les mieux placés aujourd’hui pour savoir que notre Ministère de tutelle suit de près notre politique. Ce n’est pas une image, c’est une réalité…

Quand il s’agira, dans quelques mois, de statuer sur notre demande de devenir fédération délégataire, dont chacun sait à quel point elle est importante pour notre discipline, nous devrons être en capacité de démontrer que nous méritons cette délégation de puissance publique.

Or, le respect des sélections nationales est une exigence absolue. En prenant cette décision de report, nous avions la possibilité de nous conformer à cette exigence, tout en proposant une alternative parfaitement viable.

C’est donc, logiquement, ce que nous avons fait…